1918, l’année où une réplique de Paris devait être construite pour éviter les bombardements

Certaines histoires semblent si farfelues qu’on peine à croire qu’elles ont véritablement existé. Et pourtant, c’est bien en 1918, au cours de la Première Guerre mondiale, que le projet de construire un “faux Paris” germe dans l’esprit des dirigeants français. L’ingénieur Fernand Jacopozzi, connu pour ses impressionnantes décorations électriques, est désigné pour construire une réplique […]

Jan 27, 2025 - 21:43
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1918, l’année où une réplique de Paris devait être construite pour éviter les bombardements

Certaines histoires semblent si farfelues qu’on peine à croire qu’elles ont véritablement existé. Et pourtant, c’est bien en 1918, au cours de la Première Guerre mondiale, que le projet de construire un “faux Paris” germe dans l’esprit des dirigeants français. L’ingénieur Fernand Jacopozzi, connu pour ses impressionnantes décorations électriques, est désigné pour construire une réplique de la capitale sur le territoire français. L’objectif : tromper l’ennemi en imitant l’architecture de Paris et ses illuminations nocturnes.

Le succès de Fernand Jacopozzi 

Nous vous parlions dans un précédent article de Fernand Jacopozzi, cet italien né le qui a rejoint la capitale française au tournant du XXe siècle pour y faire carrière. Et il est loin d’être le seul : en plein cœur de ce que l’on nommera ensuite la “Belle Époque”, la Ville-Lumière resplendit de mille feux dans le monde avec ses expositions universelles présentant toute une créativité artistique, technique et scientifique.

Fernand Jacopozzi à son bureau
Fernand Jacopozzi à son bureau

Après l’Exposition universelle de 1900, lors de laquelle Paris célèbre l’invention de l’électricité, Ferdinand Jacopozzi lance sa première société sous le nom Jacopozzi et Cie, spécialisée dans la décoration de devantures et d’enseignes pour les magasins. Réputé pour la créativité de ses installations électriques, il lance les Établissements Jacopozzi en 1907 et réalise l’éclairage de plusieurs théâtres, magasins et cinémas. De véritables spectacles, notamment lors des fêtes, qui lui confèrent une véritable renommée.

Paris sous la menace des bombes

Avec l’arrivée de la Première Guerre mondiale, un avion allemand largue quatre bombes sur Paris, le des tracts de propagande, elles visent à créer un climat de panique. Cependant, face au manque de réaction, les Allemands reprennent de plus belle, cette fois en lâchant une dizaine de bombes depuis un dirigeable Zeppelin, conduisant à la mort de vingt-six personnes. L’aviation allemande étant de plus en plus menaçante, et les pertes humaines de plus en plus importantes, le secrétariat d’État à l’aéronautique et la direction de la lutte antiaérienne décident en 1918 de concevoir un projet inédit visant à tromper l’ennemi : créer un faux Paris.

L'église Saint-Gervais après le bombardement du 29 mars 1918, qui fit 88 morts et 68 blessées.
L’église Saint-Gervais après le bombardement du 29 mars 1918, qui fit 88 morts et 68 blessées.

Les débuts d’un faux Paris

Pour mener à bien cette singulière entreprise, le fameux Fernand Jacopozzi est alors désigné à la tête du projet. L’objectif est alors de trouver un espace avec une boucle de la Seine similaire à celle de Paris pour que cela soit crédible. Ensuite, les ingénieurs sont chargés de concevoir des plans, des architectures illusionnistes et de l’éclairage nocturne, tandis que Paris – la vraie ville – restera plongée dans le noir.

Plan du faux Paris en 1917
Plan du faux Paris en 1917

Trois zones sont alors établies en imitant la région Île-de-France, tandis que Jacopozzi réalise plusieurs essais durant la nuit sur le véritable Champ-de-Mars. Afin de faire croire à la circulation de trains, il tente des effets de lumières colorées avec différentes lampes. Le projet est alors lancé sur une zone : la fausse gare de l’Est est construite près de Villepinte, avec ses bâtiments, voies, signaux et éclairages. Néanmoins, le chantier est rapidement abandonné, puisque le 11 novembre 1918 est signé l’Armistice. L’étonnant projet d’un “faux Paris” n’aura donc pas pu prouver son efficacité, et ses installations éphémères disparaîtront en quelques années.

Romane Fraysse

À lire également : Les éclairages de Ferdinand Jacopozzi, un magicien de la lumière dans le Paris du XXe siècle

Image à la une : Le quartier Saint-Paul torpillée à Paris, 12 avril 1918 (22h30), par Godefroy-Ménanteau – © Musée Carnavalet