Pourquoi le libéralisme n’est pas la loi de la jungle

C’est une antienne, à laquelle nous allons apporter ici un éclairage différent de celui habituel, en renversant la vapeur  Vingt-sixième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ». Nous n’adopterons pas ici l’angle habituel sur le sujet. Les articles sur ce même thème abondent, et je renvoie à leur lecture. Un renversement de […]

Jan 26, 2025 - 20:51
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Pourquoi le libéralisme n’est pas la loi de la jungle
C’est une antienne, à laquelle nous allons apporter ici un éclairage différent de celui habituel, en renversant la vapeur
 Vingt-sixième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

Nous n’adopterons pas ici l’angle habituel sur le sujet. Les articles sur ce même thème abondent, et je renvoie à leur lecture.

Un renversement de logique

Il s’agit ici d’inverser la logique de ceux qui assimilent, complètement à tort, libéralisme et loi de la jungle. Nous avons suffisamment insisté, à travers cette série, sur l’idée que la philosophie libérale ne va pas sans les références à la responsabilité, à la dignité, ou encore au droit. Entre autres attributs essentiels. Il est donc erroné de penser que le libéralisme consisterait en une validation de l’idée selon laquelle chacun ferait tout ce qu’il veut, sans contrainte, et sans égard pour les autres, en particulier pour les plus faibles ou les plus fragiles. Pas du tout.

C’est même l’exact contraire. Et c’est ce que nous allons affirmer ici : la jungle résulte notamment de la négligence des fonctions régaliennes de l’Etat.

Les gouvernements successifs, depuis plusieurs décennies, se sont fourvoyés en voulant multiplier les promesses et les champs d’intervention de l’Etat. En se mêlant de tout, et au prix d’un endettement qui a fini par nous mener jusqu’à l’impasse actuelle à laquelle nous sommes confrontés et la mise en danger de notre démocratie. Réduisant de manière dramatique les marges de manœuvre dont nous aimerions à présent disposer pour tenter de redresser les choses face aux constats imparables qui sautent désormais aux yeux du plus grand nombre en matière d’insécurité, de justice, de géopolitique.

La loi de la jungle en matière de justice

Alain Laurent l’avait déjà dénoncé   dans un essai de 2013 : l’angélisme pénal et sa culture de l’excuse, responsables d’une déliquescence de notre société, assimilable à cette loi de la jungle dont il est question ici.

De laxisme en compromissions, quand il n’est pas question d’idéologie, la justice a fini par se trouver d’autant plus dépassée que les moyens financiers qui lui étaient alloués n’étaient pas à la hauteur des enjeux. Sans oublier le nombre dramatiquement insuffisant de prisons et le manque d’argent pour en construire de nouvelles, qui ont conduit à alléger les peines et à laisser en liberté des milliers de condamnés à des peines inférieures à deux ans d’emprisonnement. Et sans compter aussi l’empilement infernal de lois, rendant très difficile le déroulement de la Justice au quotidien.

Il s’en est suivi une montée inexorable de l’insécurité, des crimes et délits impunis ou tout au moins faiblement punis. Au mépris à la fois des victimes, mais aussi des règles élémentaires de la moralité. Encourageant les uns dans leurs méfaits, tandis que les autres se trouvent brimés dans leurs libertés. Alors, où est la loi de la jungle ? Est-ce la faute du libéralisme, qui promeut la responsabilité et le respect des droits des individus ? Ou est-ce qu’à vouloir s’occuper de tout l’Etat n’est pas responsable d’avoir négligé l’une de ses fonctions régaliennes essentielles ?

La loi de la jungle en matière de sécurité

Certains ont beau se moquer de ce qui ne relèverait que du « sentiment d’insécurité », autre antienne bien connue, celle-ci n’est ni factice, ni un fantasme issu de l’esprit apeuré de certains. Et là encore, le constat de ces dernières années est celui de forces de l’ordre débordées, mises sans cesse fortement à contribution (attentats, émeutes, jeux olympiques, réception de chefs d’Etat, état d’urgence, manifestations, etc.).

On sait, là aussi, que la police ne se porte pas si bien que cela. Comme c’est le cas, et sans doute de manière plus criante encore, des gardiens de prison, en nombre nettement insuffisant et confrontés à une violence et un laxisme au sein des établissements dans lesquels ils officient dignes… de la loi de la jungle.

Ce n’est pas Xavier Raufer, invité du Grand Rendez-vous Europe 1 le dimanche 29 décembre 2024, qui dira le contraire. Son constat est éloquent. Le nombre d’homicides qu’il annonce est en explosion, les moyens de la Justice comme des forces de l’ordre ou des gardiens de prison sont dans un état d’insuffisance criante. Quand ce ne sont pas les policiers qui se désespèrent des décisions de magistrats qui relâchent de manière surprenante des multirécidivistes.

Le tout dans un contexte de développement exponentiel du narcotrafic, selon les principes de… la loi de la jungle.

Alors, la faute au libéralisme, partisan d’une concentration de l’Etat pour l’essentiel sur ses fonctions régaliennes ?

La loi de la jungle en matière de défense

Même constat là encore : Alors que les menaces en provenance de différentes zones du monde sont de plus en plus évidentes, que l’Europe craint un certain désengagement des Etats-Unis avec le retour de Donald Trump au pouvoir, que Vladimir Poutine se montre particulièrement menaçant, que la menace islamiste est toujours bien présente, il est de fait que notre défense est en piteux état, nos réserves d’armes et de munitions très nettement insuffisantes, notre arsenal assez dépourvu et vieillissant.

Pourtant, la liberté, nos libertés, ne tiennent-elles pas entre autres à notre sécurité ? Nos gouvernements d’une époque où certains ont cru la paix bien installée et durable sur notre territoire n’ont-ils pas été bien naïfs, et les gouvernements suivants bien imprévoyants dans leurs efforts budgétaires, trop occupés à dilapider les ressources de l’Etat, puis à diffuser l’argent magique ?

Malgré les mises en garde de certains spécialistes en géopolitique, qui tentaient et tentent toujours de nous ouvrir les yeux sur l’urgence absolue et l’importance des efforts à accomplir en la matière, serions-nous en mesure de faire face aux différents conflits qui se présentent ou peuvent se présenter à nous ?

Non, résolument, on ne peut affirmer que ce serait dans le libéralisme qu’il conviendrait de rechercher le constat d’une situation de loi de la jungle. Tout à l’inverse, c’est bien en voulant se mêler de tout et en dilapidant les richesses de manière anarchique que les gouvernements les plus interventionnistes ont mené notre pays dans le marasme dans lequel il se trouve.


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