En France, en 2025, même la Star Ac’ devient un espace d’affrontements identitaires

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. « J’aime qu’on me contredise ! » pourrait être sa devise... L’article En France, en 2025, même la Star Ac’ devient un espace d’affrontements identitaires est apparu en premier sur Causeur.

Fév 8, 2025 - 16:38
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En France, en 2025, même la Star Ac’ devient un espace d’affrontements identitaires

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.


Longtemps, j’ai pensé que cela ne changerait jamais. Qu’il serait toujours possible de dialoguer sans s’accorder sur tout.

Au collège Jules Ferry à Langon (33), dans mon équipe de basket et à l’école de musique, j’ignorais la religion de mes copains.

Le dimanche, à la table de mon grand-oncle, ancien résistant et déporté, maire et conseiller général communiste d’une terre entre Garonne et coteaux, se retrouvaient, autour d’une lamproie ou d’une alose, le curé de la paroisse et des barons de la droite locale. Dès son arrivée tonitruante, Robert Escarpit avait l’habitude de dévorer tous les chocolats. Quand je questionnais mon grand-oncle sur son dernier échange téléphonique avec Chaban-Delmas, il avait toujours la même réponse : « Quelques souvenirs en commun. » Pour sa dernière campagne électorale, lors d’une soirée de collage d’affiches (on ajoutait du verre pilé à la colle pour ne pas être arraché par les concurrents), un militant du FN a arrêté sa voiture, baissé sa vitre et craché : « On aurait dû le fumer à Dachau. » Cela fut la seule morsure dans cette fin des années 1980 pour lesquelles j’éprouve tendresse et nostalgie.

À l’université Michel de Montaigne, à Bordeaux, Sylvain était chiraquien, Patrick vaguement anar et Thomas se passionnait pour les radicaux valoisiens. Nos soirées de poker étaient animées. Quand nous perdions, avec nos verres pleins et nos portefeuilles vides, Sylvain nous faisait crédit en inscrivant nos dettes sur un papier où nous devions apposer notre signature. Après, il s’agissait tout simplement de dérober le document. Ça gueulait un peu, puis on riait beaucoup. 

À lire aussi, Olivier Dartigolles : « Alors Olivier, il est comment ton Bayrou? »

Aujourd’hui, que sont mes amis de droite devenus ?

Si je n’ai pas aimé la soirée place de la République avec des crétins célébrant la mort de Jean-Marie Le Pen, j’ai rappelé lors de débats médiatiques le contenu précis de ce qui précédait et suivait le « détail ». « Je suis un passionné aussi par l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, je me pose un certain nombre de questions et je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé, je n’ai pas pu moi-même en voir, je n’ai pas étudié spécialement la question. » Puis : « Ce n’est pas une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire. C’est une obligation morale ? Je dis qu’il y a des historiens qui débattent de cette question. » Il n’emploie jamais le terme « génocide ». Quand Élisabeth Lévy me répond que « le détail nous a beaucoup indignés mais il n’a eu aucune conséquence sur la vie des juifs », et qu’il ne faut aujourd’hui retenir de Le Pen qu’un visionnaire sur l’immigration ou la sécurité, cela m’apparaît tout simplement inacceptable. A-t-il été possible d’en discuter ensemble ? Non.

Je n’ai pas pu avoir de débat, pourtant légitime et indispensable, sur l’élection de Donald Trump, car cette « victoire culturelle » ne tarderait pas, m’a-t-on dit, à s’imposer dans le reste du monde occidental… J’ai vu quelques masques tomber. Fini la rigolade, on ne discute plus ! Le paradoxe est de les voir adopter exactement les mêmes comportements obtus et dogmatiques que ceux qu’ils n’ont cessé de pourfendre en parlant de France Inter et de la « bien-pensance de gauche ». Siamois d’une même tragédie où le débat d’idées, l’altérité et la complexité sont remplacés par une fièvre permanente.

Je déteste cette époque où chacun choisit ses sujets et ses victimes – et il m’arrive d’en faire autant –, où même la Star Academy, avec une finale entre Ebony et Marine, devient un espace d’affrontements identitaires.

Que s’est-il passé ?

« Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta »

Et avec eux, cette chronique.

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