Optimiser ses révisions : quatre conseils issus de la recherche en psychologie
Pour réviser efficacement, il est important de ne pas se contenter de relire ses cours et d’adopter une posture active. C’est ce qui permettra de retenir des informations à long terme. Explications.
Pour réviser efficacement, il est important de ne pas se contenter de relire ses cours et d’adopter une posture active. C’est ce qui permettra de retenir des informations à long terme, nous dit la recherche. Quelques clés pour mettre en pratique ces principes.
Que vous soyez élève ou parent, à l’école ou à l’université, enfant ou adulte, vous avez probablement déjà vécu cette situation frustrante : des heures de révision intense suivies d’un inexplicable trou noir le jour de l’examen. Cette expérience (décourageante) n’est pas une fatalité. Votre cerveau n’est pas défaillant, c’est peut-être juste que vous n’avez pas eu la bonne méthode de révisions.
Comment utiliser au mieux ses ressources sans passer plus de temps le nez dans ses cahiers ? En s’appuyant sur les recherches en psychologie, anciennes ou plus récentes, regard sur quelques stratégies d’apprentissage efficaces… et gratuites !
Créer des liens entre les cours
Avez-vous déjà appris quelque chose en vous contentant de le relire ? Une erreur fréquente consiste à confondre simple relecture et apprentissage actif. Si vous relisez un texte, parfois presque mécaniquement, en espérant forcer l’information à entrer en mémoire, c’est loin d’être optimal. Cette approche, bien que tentante par sa simplicité, s’avère être l’une des moins efficaces pour un apprentissage durable.
Notre cerveau n’est pas un simple réceptacle d’informations, mais un organe connecté et dynamique qui construit activement ses connaissances. Pour apprendre efficacement, il faut s’impliquer dans la lecture. C’est valable pour la plupart des apprentissages. Par exemple, en football, même si j’ai vu des centaines de fois les magnifiques passes de Trent Alexander-Arnold, je suis loin d’être au même niveau que ce joueur, notamment parce que je ne m’entraîne pas activement aussi souvent que lui.
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En bref, pour apprendre, l’engagement actif avec le matériel à apprendre est fondamental. Concrètement, cela peut consister à reformuler systématiquement les concepts avec ses propres mots, en les expliquant à quelqu’un d’autre par exemple, ce qui peut même aider à résoudre des problèmes plus facilement.
Une autre façon d’être actif est de créer des liens avec les connaissances existantes, car on apprend mieux en rattachant de nouvelles informations à des concepts déjà maîtrisés : c’est l’effet d’expertise. Trouver des applications des connaissances peut aussi aider : l’utilisation d’exemples concrets et des situations réelles est une façon d’apprendre activement et efficacement.
Auto-tester ses connaissances
La récupération active est l’un des piliers d’un apprentissage efficace. Ce concept, validé par des décennies de recherche en psychologie cognitive, consiste à faire l’effort de se remémorer activement une information plutôt que de la relire passivement. La mémoire fonctionne comme un chemin : plus on l’emprunte, plus celui-ci devient facile d’accès.
Concrètement, pour mettre en pratique la récupération active, on peut utiliser la technique de la page blanche (c’est-à-dire faire du rappel libre). Après avoir lu une section de votre cours (il est utile de lire, tant qu’on ne fait pas que ça), fermez votre livre et écrivez tout ce dont vous vous souvenez, sans vous censurer. Si cette méthode peut sembler difficile au début, elle est extraordinairement efficace, car on emprunte le chemin pour récupérer les informations.
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Vous pouvez aussi créer également vos propres questions d’examen et y répondre plus tard sans vos notes. Mieux, échangez vos questions avec d’autres. Concrètement, l’utilisation de cartes mémoire (« flashcards ») est particulièrement efficace, surtout si l’on crée les cartes soi-même. Au lieu de simplement lire la réponse, forcez-vous à la formuler avant de vérifier. Cette approche demande plus d’effort actif, et c’est précisément cet effort actif qui renforce l’apprentissage.
Espacer les apprentissages
L’espacement des apprentissages est une stratégie aussi intéressante que souvent négligée. Au lieu de concentrer toutes vos révisions sur une courte période en faisant de l’apprentissage massé (le fameux bachotage), répartissez-les dans le temps. À temps de travail égal, toutes les recherches du monde depuis des décennies montrent que cette approche démultiplie la mémorisation à long terme.
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Mais pourquoi tout le monde ne le fait-il pas alors ? D’abord parce que tout le monde ne connait pas cette technique. Et même lorsqu’on la connait, il faut organiser un planning et s’y tenir. Pour faciliter les choses, le planning optimal pour apprendre devrait suivre un schéma progressif. Par exemple, commencez par une première révision quelques heures après l’apprentissage initial, puis révisez à nouveau le lendemain. Une troisième session devrait avoir lieu une semaine plus tard, suivie d’une quatrième un mois après.
Bonus : vous pouvez coupler la récupération et l’espacement en faisant de la récupération espacée. En récupérant activement, de façon espacée dans le temps, vous pourrez apprendre ce que vous voulez durablement. Cette méthode est si puissante qu’elle est utilisée depuis longtemps pour aider des personnes avec une maladie d’Alzheimer à mémoriser.
Varier les canaux d’information
Notre mémoire adore la variété ! Plus vous engagez de sens différents dans votre apprentissage, plus vous créez de connexions et plus la mémorisation devient solide. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage multimodal. Cette approche consiste à utiliser différents canaux sensoriels pour traiter l’information.
En pratique, utilisez des schémas commentés, des cartes mentales colorées, ou bien enregistrez vos explications et réécoutez plus tard. L’utilisation de gestes et de mouvements peut également renforcer la mémorisation : c’est l’effet de réalisation de l’action. Pour aller plus loin, vous pouvez même créer des histoires ou des chansons pour gagner en multimodalité.
En appliquant ces principes d’apprentissage, vous transformerez progressivement votre façon d’étudier. N’oubliez pas que changer ses habitudes prend du temps, alors le premier apprentissage est celui de la patience. L’important est de commencer à intégrer ces stratégies progressivement dans votre routine.
Mathieu Hainselin a reçu des financements de l'ANR et Caisse des dépôts dans le cadre de projets de recherches (PIA LCeR, PIA 100% IDT).